Une trentaine de professeurs de l'Institut Notre-Dame de Philippeville se sont rendus à Charleroi ce matin, pour manifester devant le siège du MR. Mais derrière eux, c'est toute une école qui exprime son mécontentement face aux réformes de l'enseignement.
C'est une première à l'Institut Notre-Dame de Philippeville, une trentaine de professeurs sur 110, ont déserté leur classe ce matin pour aller manifester à Charleroi. Ils n'auront malheureusement pas eu de réponse de la part des représentants du parti libéral. Pourtant, leurs questions sont nombreuses. Elles sont relayées par leur directeur adjoint, Julien Devriendt :
Il y a beaucoup de jeunes collègues qui viennent me voir en me demandant : "L'année prochaine, quel emploi j'aurai ? Est-ce que j'aurai encore des heures dans l'école ? Est-ce que vous savez déjà un peu comment vous allez organiser l'horaire ?". Et puis il y a des questions un peu plus "annexes" aussi. On n'y pense pas toujours, mais certains collègues me disent : "je voulais prendre un mi-temps, un 4/5. C'est combien d'heures maintenant ? On n'a pas la réponse.
Ce que dénonce l'équipe pédagogique, composées non seulement des profs, mais aussi des éducateurs et des membres de la direction, c'est une politique d'effet d'annonce, d'immédiaté, sans réflexion sur les conséquences.
Pour moi, ce qui ne peut pas passer, c'est le mépris. Il n'y a aucun enseignant qui vous dira qu'il ne faut pas faire d'économies. Utiliser ce levier-là, c'est un peu simple. Vous savez, que l'opinion publique, parfois, se dise : le professeur, il a des vacances, il travaille 22h, ça va, on a l'habitude. Et personne ne doit justifier son travail. Mais que des ministres, des autorités politiques utilisent cet argument pour stigmatiser une profession, on n'avait jamais connu ça.
Et Julien Devriendt ajoute :
Ce qui ne peut pas passer c'est de brandir l'étendard de l'équité en disant : "le professeur du supérieur doit faire 22h, on fait ça pour que tout le monde fasse la même chose". C'est populiste, démagogique et c'est biaisé comme propos. 2h en plus par collègue du supérieur, ça implique des pertes d'emplois pour les derniers arrivés.
Même si une mobilité est annoncée, avec des professeurs qui partiront bientôt à la retraite, cela ne convainc pas à l'IND.
Je porte à votre attention qu'un professeur, il adhère souvent à un projet d'établissement, à une école. On s'implique, on dépasse ses heures, on fait plus parce qu'on croit en une école et un projet. Quand les professeurs ont deux écoles, trois écoles, je doute qu'ils mettent autant d'application dans leur projets.
Pour sensibiliser les parents d'élèves, l'équipe créé actuellement une représentation sous forme d'iceberg. Avec au sommet, la vingtaine d'heures passée en classe, et sur la face cachée, les nombreuses autres tâches assurées par les professeurs. De quoi les informer des dangers qui pèsent, en fin de course, sur leurs enfants.
Il y a une perte de sens pour le métier et surtout, il y a une perte de repères pour nos élèves. On fait beaucoup de choses, il y a beaucoup de réformes, on met des tas de choses en place. Peut-être qu'on fait trop en fait, et on passe à côté de l'essentiel qui est apprendre à apprendre.
Réforme du qualifiant, tronc commun, enseignement différencié, moyenne à 60%... dans tous ces changements, l'IND s'est perdue. Et le fait donc savoir.
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