Rencontre avec Vincent Demanet, président des Betteraviers wallons et planteur. Il négocie le marché avec la Raffinerie Tirlemontoise. Si la campagne semble prometteuse cette année, la crise du sucre impose dès 2026 une baisse de 25% des surfaces.
Les betteraves de Vincent Demanet ont été arrachées il y a une dizaine de jours. Elles ont été bâchées pour être protégées du gel. Aujourd'hui, on les prépare pour prendre la direction des raffineries. Vincent Demanet achemine ainsi 50 tonnes de betteraves tous les 15 jours en cette période de campagne betteravière:
On les passe dans une machine, dans ce que l'on appelle une décrotteuse, ce qui enlève le maximum de terre. Parce que ça ne sert à rien d'amener de la terre. Et en plus, c'est de la bonne terre qui est autour de la betterave. Donc voilà, on essaye de limiter, la machine permet de diminuer sûrement de 50 voire de 60 % la terre qu'il y a autour de la betterave.
Le rendement est très bon cette année, chez nous, en Europe, et même dans le monde entier. D'où cette crise majeure du sucre qui impacte les planteurs. Ils sont 4000 à la Raffinerie Tirlemontoise. Celle-ci refuse de s'exprimer à ce sujet pour le moment. 4000 planteurs donc, dont 3000 sont francophones, et parmi eux, on compte 700 à 800 betteraviers en Province de Namur. Vincent Demanet, Président de l’Association des Betteraviers Wallons:
On n'avait rien vu venir parce que fin juin, on avait encore des projections de prix qui étaient tout à fait acceptables. Et puis ici, depuis début septembre, le prix du sucre se dégrade de semaine en semaine, presque de jour en jour.
Il n'y a quasiment rien qui se vend. Il y a des excédents dans tous les pays.
Et donc la Raffinerie Tirlemontoise et surtout le groupe Südzucker ont décidé
au départ de fermetures d'usines mais pour finir, on ne ferme pas d'usine cette année, mais on nous oblige de diminuer de 25 % les emblavements.
Si on l'avait su au mois de juillet, c'était une chose mais aujourd'hui, on a mis des engrais, on a mis du fumier, on a mis des engrais verts et donc voilà. Maintenant, pour produire des betteraves à moitié prix,
ça ne sert à rien non plus. À part la France qui a l'air un peu réticente, tous les autres pays d'Europe vont diminuer. Alors peut -être pas autant que nous, mais sûrement entre dix et 15 % sûrement.
Rendement mondial important, effet des droits de douane du Président Trump, des éléments qui s'ajoutent à une consommation générale de sucre en diminution. Ce commerce est donc déséquilibré. Les agriculteurs se diversifient mais malgré tout, cela ne résorbe pas les difficultés. Vincent Demanet, Président de l’Association des Betteraviers Wallons:
On se demande aujourd'hui ce que l'on va bien pouvoir produire dans les années à venir ? La pomme de terre, le prix s'est effondré aussi. Les céréales, le prix est mauvais. Donc surtout pour les jeunes, ça devient catastrophique. Or, nous, on n'arrête pas de nous dire qu'on ne peut pas produire à perte. Moi, je peux vous montrer les chiffres. Pour l'instant, on produit à perte. Pourtant, on est toujours là, parce que les fermes se sont agrandies de plus en plus, on gagne beaucoup moins à l'hectare, mais sur beaucoup plus d'hectares. C'est comme ça qu'on reste encore.
Acheter local pour faire perdurer l'activité, une valeur sûre pour les agriculteurs. Les nouvelles mesures et leurs conséquences sont à leur porte puisque les prochains semis auront déjà lieu en mars.
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