Le musée namurois propose une nouvelle exposition consacrée à cet artiste contemporain de Félicien Rops. Tous deux adeptes du réalisme, ils ont aussi en commun une forme de rébellion contre la société de leur époque.
Constantin Meunier est un artiste un peu oublié aujourd'hui, mais qui était une star du réalisme belge à la fin du XIXᵉ siècle. Il est surtout réputé pour sa vision du monde ouvrier, comme l'explique Davy Depelchin, conservateur du Musée Constantin Meunier à Ixelles :
Meunier ne voulait pas représenter ce que tous ses confrères représentaient. Il voulait montrer un aspect de la vie, une réalité sociale qui n'était pas du tout présente dans les Beaux-Arts. Et donc il a quelque part bouleversé les canons traditionnels des beaux-arts pour insérer, montrer ces travailleurs d'une façon très glorifiée, quelque part.
C'est par la sculpture, la peinture et le dessin que Meunier donne toute leur dignité aux mineurs, métallurgistes ou laboureurs. Ses sculptures, surtout, représentent les ouvriers de façon digne dans des poses héritées de la tradition antique et classique. Il érige en quelque sorte un art à la gloire des classes laborieuses. Ce qui déstabilise la société de l'époque.
Meunier représentait ceux qu'il ne fallait pas représenter. Et donc il faut s'imaginer que le public qui voyait des peintures ou des sculptures de Meunier, c'était une bourgeoisie, une aristocratie qui visitait les grands salons. Il n'était pas habitué à être tout à coup confronté avec des représentations monumentales d'ouvriers. Donc ça faisait scandale, en effet.
Ce n'est évidemment pas un hasard si le musée Rops accueille une exposition consacrée à Meunier. Beaucoup de choses rassemblent les deux hommes. Ils sont de la même génération. Ils se sont beaucoup fréquentés et s'appréciaient mutuellement. Même si à un certain moment, leurs chemins vont se séparer. Véronique Carpiaux, conservatrice du Musée Rops :
Ils ont commencé leur carrière ensemble. Ils ont vu les mêmes expositions. Ils ont été très influencés par Courbet et l'invention du réalisme. Ils ont été les membres fondateurs de la Société libre des Beaux-Arts. Ils ont tous les deux collaboré à la Société internationale des aquafortistes. Et évidemment, il y a aussi le fait que Félicien Rops va habiter à Paris. Et Constantin Meunier va faire le choix de rester à Bruxelles malgré certaines critiques qu'on peut lire dans la correspondance de Rops où Rops dit "si Meunier était venu à Paris, son œuvre aurait connu une autre renommée que celle qu'elle connaît à Bruxelles".
L'exposition présente de nombreuses facettes de l'œuvre de Meunier, les plus connues avec la sculpture et la peinture, mais aussi son implication dans l'estampe et dans l'illustration d'œuvres littéraires. Bref, une exposition à ne pas manquer et à voir jusqu'au 7 septembre au Musée Rops à Namur.
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