L'art numérique namurois a conquis le plus grand festival mondial d'art numérique, le festival "Ars Electronica" de Linz en Autriche. C'est le duo d'artistes "Superbe" qui vient en effet d'y présenter une installation sonore dénommée "From0"
C'est rue Saintraint, à Namur, dans un espace de coworking créatif que s'est installé le studio artistique "Superbe", un duo d'artistes namurois, Gaëtan et Gaël, qui ont commencé par faire de la musique ensemble avant de se lancer dans l'art numérique. Leur dernière création vient donc de remporter un prix prestigieux en Autriche, au festival Ars Electronica, l'équivalent du festival de Cannes
mais pour l'art numérique.
Il y a quelques jours, ils étaient encore en train d'apporter les dernières petites modifications à leur installation, un impressionnant dispositif fait de seize pendules motorisés qui tournent et sont reliés à des morceaux de phrase enregistrés par un micro. Gaëtan Libertiaux, un des deux artistes de "Superbe" nous explique :
L'idée, c'est de créer une grande boucle. Vous enregistrez un son, et ce son, on le déstructure. Donc on crée le chaos, un chaos organisé. D'où le nom From zéro. C'est un peu, on pourrait dire : à partir du chaos, qu'est-ce que révèle le chaos ? Et donc ce chaos organisé, en fait, va révéler la nature musicale du langage. Notre envie ici, dans ce projet, est de montrer comment, quand vous parlez, vous produisez de la musique sans vous en rendre compte.
Les deux artistes travaillent ensemble depuis quatorze ans. Gaëtan assure plutôt la partie design. Et Gaël Bertrand, ingénieur de formation, aime détourner l'informatique et l'électronique au profit de l'art :
Il y a un côté poétique aussi dans les machines. Les mathématiques sont partout autour de nous et, du coup, si je prends le côté informatique, celui qui fait un jeu par exemple et qui développe un jeu, il va vouloir décoder un mouvement. Il y a une formule là derrière et donc il faut la coder, cette formule. Et donc dans l'art aussi, les mathématiques peuvent montrer certaines choses, et il y a un côté très poétique à ça.
Les deux créateurs utilisent par ailleurs la technologie pour communiquer et interagir avec le public. Comme pour cette œuvre qui a besoin de l'enregistrement d'une phrase d'un visiteur pour fonctionner. Gaëtan Libertiaux nous le précise :
Nos projets ne peuvent pas exister sans le public. Ici, si vous n'enregistrez pas de sons, l'installation n'a pas d'intérêt. Elle tourne à vide, elle n'a pas de public, ne participe pas à notre projet, n'existe pas. Donc c'est le risque qu'on prend. C'est ce lien qu'on créé avec le public, qui est lui-même acteur et participe à l'œuvre en tant que telle.
L'art numérique, c'est certain, repousse les limites des processus de création traditionnels. Comment ces artistes s'inscrivent-ils dans l'histoire de l'art ? En rompant les codes, très certainement, mais aussi en suivant les traces des pionniers du genre, comme l'explique Gaël Bertrand :
On ne se pose pas vraiment la question en tant qu'artiste : où est-ce que je suis dans l'histoire de l'art et où est-ce que je dois aller ? On fait plutôt les choses comme on le sent. Même si c'est un fait qu'il n'y a pas encore beaucoup de musées d'art numérique. Mais il y en a un en Allemagne, et on va le voir de temps en temps. Et on s'y retrouve forcément quand on voit les choses que les autres artistes ont produit et c'est des choses qui ont déjà été faites depuis les années '70 et '80.
Quoi qu'il en soit, nos deux créateurs namurois savourent actuellement la reconnaissance qu'ils viennent d'obtenir avec ce prix. Ils espèrent aussi pouvoir montrer leur création à Namur tout prochainement.
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