Les centres d'insertion socioprofessionnelle forment des personnes éloignées de l'emploi. Les CISP sont inquiets quant à leur avenir. En cause, un budget raboté et une réforme à venir.
Le Perron de l'Ilon à Namur est un centre d'insertion socioprofessionnelle (CISP). Il forme 120 stagiaires par an aux métiers de commis de salle et de cuisine. C'est l'un des 151 CISP de Wallonie. Des centres qui vont connaître une cure d'austérité selon Anne Hélène Lulling, secrétaire générale de l'Interfédération des CISP :
Une cure d'austérité parce qu'il y a une décision aujourd'hui pour le budget 2025 pour les CISP d'une réduction linéaire de 2 % d'une part, et d'autre part d'une non-indexation des subventions qui correspond aussi plus ou moins à 2 %, donc une baisse de 4 %. La non-indexation, elle sera aussi pour les années futures.
Outre la diminution budgétaire, le ministre wallon de la Formation, Pierre-Yves Jeholet, a décrété un moratoire sur les nouvelles heures de formation et l'agrément des centres. Il veut notamment réformer ce secteur dont il doute de l'efficacité à mettre des personnes à l'emploi :
Je veux éviter la redondance et la concurrence au sein des acteurs de formation et d'insertion socioprofessionnelle. Oui, je veux une logique de résultats. Les CISP parlent de 5 700 000 heures de formation. Je m'inquiète quand même par rapport à la remise au travail. Je pense que les résultats du taux d'emploi seraient peut-être un peu différents si ça fonctionnait si bien que ça.
Pour le secteur, la logique de résultats ne doit pas faire fi de l'utilité sociale (Les centres d'insertion socioprofessionnelle offrent des formations de base dans toute une série de domaines). Grégory Leclercq, directeur du Perron de l’Ilon :
Si demain, le ministre nous dit qu'on sera évalué à 100 % sur l'accès à l'emploi, on pourrait, en début de formation, mettre en place une série de critères pour ne plus sélectionner que les gens les plus proches du marché de l'emploi. Et donc, de nouveau, ce sont les gens plus fragiles qui pourraient être sans perspectives. Or, notre boulot, c'est de donner des perspectives au plus grand nombre.
Anne Hélène Lulling, secrétaire générale de l'Interfédération des CISP :
On souhaiterait être évalués aussi sur d'autres critères que seulement la remise à l'emploi, comme par exemple la montée en compétences. Notre finalité, ce n'est pas que la remise à l'emploi. Il y a aussi l'émancipation sociale via le développement personnel des stagiaires. Donc on devrait aussi nous évaluer par rapport à la levée des freins sur l'insertion des stagiaires sur le marché de l'emploi ou sur le maintien en formation.
Même inquiétude chez Alpha 5000, où l'on propose entre autres, des cours d'alphabétisation. Yoric Bridoux, directeur du CISP Alpha 5000 situé à Namur :
Chez nous, on a un accompagnement social qui est très important. Pour moi, l'insertion sociale, elle va de pair avec l'insertion socioprofessionnelle. Et on ne s'arrête pas uniquement au chiffre de la remise à l'emploi. Il y a tout un travail qui est fait derrière. On a un public qui est très éloigné de la mise à l'emploi chez nous. C'est pas pour rien qu'on fait des formations de base. Et donc c'est très très compliqué de savoir qui va sortir et de faire des chiffres en terme de remise à l'emploi.
Face à la réforme à venir, les centres d'insertion socioprofessionnelle demandent qu'il y ait une réelle concertation avec le ministre Jeholet, ce qui ne serait pas le cas pour l'instant.
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