"Les sans chez-soi ne sont pas des sans-droits", c'est le slogan d'une mobilisation wallonne qui s'est tenue ce matin à Namur. Et pour sensibiliser les passants, les manifestants ont manié habilement l'ironie. Elle leur a inspiré des slogans atypiques.
Des slogans ironiques, c'est le moyen qu'ont trouvé des manifestants pour sensibiliser devant la gare les passants aux inégalités face au logement. Olivier Vangoethem, facilitateur en prévention des inégalités au Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP) :
"On a un slogan "SDF, rentre chez toi!" Ce qui paraît complètement absurde parce que justement, par définition, il n'y a pas de chez lui. Un autre slogan que j'aime bien, "j'ai mérité mon héritage" ".
Les manifestants, une petite trentaine devant la gare de Namur, portent, eux, des revendications qui ne sont pas ironiques. Nathalie Dupont de SALSA (le syndicat autonome liégeois des sans chez-soi actifs:
"Pour avoir un logement social, aujourd'hui on est entre cinq et sept ans d'attente. Il y a plus de 40 000 dossiers en souffrance. Dans ce contexte, toutes les mesures qu'on peut prendre pour soutenir les personnes de la rue, les personnes précaires, si elles ne sont pas accompagnées d'un contrôle du prix des loyers et d'un investissement vraiment massif pour la construction de logements sociaux, cela ne fonctionnera pas!"
Ce mouvement avait formulé plusieurs revendications à l'intention de ministres wallon. Parmi les propositions, un moratoire de 5 ans pour les dettes faites avant et pendant la vie en rue. Olivier Vangoethem détaille cette proposition:
"Je suis en fait une ancienne personne de la rue. La première fois que j'ai été relogé, dès que j'ai eu l'inscription au registre de population, la première personne qui est venue me dire bonjour, c'est l'huissier de justice. Il est venu me réclamer les dettes que j'avais accumulées depuis quelques années quand j'étais dans les problèmes. Moi, je dis que ce serait bien de laisser un peu la paix aux gens pour qu'ils puissent se réinstaller, se reposer et un jour pouvoir reprendre des forces pour pouvoir réenclencher des choses et rembourser ses dettes. On ne demande pas la suppression des dettes, on demande un moratoire, donc une suspension pendant quelques années"
Pendant cette mobilisation, un ancien sans chez-soi nous interpelle S'il a un logement aujourd'hui, il n'est pas pour autant tiré d'affaire, lui qui paye 625 € de loyer du côté de Dinant. Il témoigne anonymement:
"Je touche 1300 euros par mois grâce à mon indemnité mutuelle. Près de la moitié est consacrée pour payer mon logement. Ajouter toutes les charges et il ne me reste plus grand chose. Parfois, je me prive de nourriture pour pouvoir donner à manger à mon chien!"
Yvette tient à être présente à cette mobilisation wallonne pour les sans chez-soi. Elle qui occupe une période de précarité:
"Les propriétaires ne pensent qu'à l'argent. Heureusement qu'après des déboires pour se loger, j'ai pu rencontrer un jour un proprio qui demandait un loyer décent. Mais à l'heure actuelle, c'est rare! Je suis ici aujourd'hui pour me battre pour que tout le monde puisse avoir un logement décent!"
Après ce rassemblement, une délégation a pu rencontrer les ministres wallon et des ministres qu'ils avaient déjà interpellé l'année passée en leur transmettant des revendications construites par les 100 chez soi. On estime à 20 000 le nombre de personnes qui n'ont pas de toit en Wallonie.
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