La fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, c'était il y a 80 ans. En 1945, on attendait aussi le retour des prisonniers de guerre. Alfred Legrand a été conçu durant la captivité de ses parents en Allemagne. Il nous a raconté son histoire.
Alfred Legrand est aujourd'hui âgé de 82 ans. Il est né le 7 avril 1943 en Allemagne durant la captivité de ses parents. Son père, Fernand, était originaire de Jemeppe-sur-Sambre.
Papa était ouvrier de ferme. Il a été au Stalag VIII A qui se trouve à Görlitz, sur la droite de Berlin, presque à la frontière polonaise.
C'est également à Görlitz que Sofia, sa mère polonaise, a été déportée à seize ans pour travailler dans une ferme.
Maman était toute seule avec la fermière. Et donc elles ont demandé de l'aide.
Et comme il y avait le stalag VIIIA qui était là tout près, elles ont demandé pour avoir du renfort.
Même si toute relation était interdite entre prisonniers, des liens se sont noués. Et Alfred fut conçu dans ce contexte. Il ignore cependant tout de ses premières semaines de vie.
C'est là où l'histoire commence à être rude. Parce que je suis né mais je ne sais pas où.
Alfred, nouveau né, reste sans doute clandestinement quelques jours avec sa mère. Une photo est même prise durant ce bref moment, mais il est ensuite exfiltré, on ne sait pas très bien comment, vers la Pologne pour être hébergé par sa grand-mère maternelle. C'est la seule chose dont il est certain.
Parce que chez ma grand-mère, j'y étais. J'ai une photo qui montre que je suis avec ma grand-mère. Et ça doit dater de 1946/47 car je dois avoir trois ou quatre ans. Donc j'y étais.
À la fin de la guerre. Le père d'Alfred rentre à Jemeppe. Il est rejoint peu de temps après par Sofia. Mais leur fils, lui, est toujours en Pologne, chez sa grand-mère.
Et alors ils se sont mariés. Ils ont travaillé. Et en 1947, maman a décidé, avec papa bien entendu, de venir me rechercher en Pologne. Elle a fait tout le trajet avec le chemin de fer. Tout ça à travers les villes détruites. Ça a pris plus qu'un jour. Trois, quatre jours au moins. Et elle est venue me chercher. Et moi je ne voulais pas partir. Et ma grand-mère m'a dit, je m'en rappelle toujours :"Va avec elle, tu seras mieux". Et je suis revenu avec ma maman ici en Belgique.
Par la suite, le sujet de la captivité est devenu tabou en famille, et Alfred n'a jamais pu en savoir plus sur les circonstances de sa naissance, il y a 82 ans.
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