En colère, les universités se joignent à la grève nationale

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À Namur, une délégation de l'université prépare la manifestation de ce mardi à Bruxelles. Dans le viseur : les mesures d’austérité et leurs effets attendus sur la recherche, les conditions de travail et le rôle sociétal des universités.

Séance de travaux pratiques un peu particulière dans une salle de cours de la fac de philo et lettres : une petite délégation peaufine pancartes et slogans avant la manifestation des universitaires prévue ce mardi à Bruxelles. Une mobilisation rare, comme le confient deux employées de l’UNamur.

J'avoue que quand je suis venu justement travailler l'université, je n'étais plus là pour apporter mon expérience et mes connaissances plutôt que d'aller revendiquer dans la rue.

C'est inédit. Je n'ai jamais vécu ça. J'ai des collègues plus anciens qui disent qu'ils n'avaient jamais connu ça non plus. C'est clair, on est dans un momentum, on est dans un moment très important.

L'austérité dans le viseur

Derrière l’ambiance studieuse et les sourires, la colère gronde. En cause, les mesures d’austérité annoncées par différents gouvernements et leurs impacts sur les campus.

L'Université n'échappe pas à certaines mesures d'austérité. Il y a évidemment tout ce qui touche aux conditions de travail, aux pensions de l'ensemble du personnel et mais aussi une attaque du financement de la recherche fondamentale via toute une série de mesures comme la remise en cause de la ristourne sur le précompte chercheur. Jusqu'alors, on bénéficiait de cela et apparemment c'est sur la table pour faire des économies. Ce serait un manque à gagner terrible pour les universités. On l'estime en moyenne à 7 %, et 12% l'UNamur. On est vraiment en danger, en particulier dans les sciences humaines, qui sont jugées moins utiles et donc moins rentables" explique Anne Roekens, Professeure d'Histoire à l'UNamur.

Craintes pour la recherche et le rôle sociétal

Au-delà des budgets, les manifestants redoutent une remise en cause de la mission publique des universités : ouverture, esprit critique, transmission.

Je suis une ancienne étudiante. Mes enfants viendront très très certainement à l'université et j'aimerais que cette université existe encore telle qu'elle est maintenant : ouverte, démocratique et qui crée des esprits qui permettent de penser et de préparer l'avenir" ajoute Jennifer Geerts, attachée au Service qualité du Rectorat de l'UNamur.

Ce qui s'ouvre devant nous nous fait très peur de ce qui va être mis en place. On voit aussi au niveau des Etats-Unis, ce qui se passe au niveau des contraintes qui sont mises en place. On ne peut pas avoir ça en Europe. Donc, je pense que c'est le moment de prendre la parole et de dire que l'université a son rôle à jouer, qu'on lui laisse continuer à faire ce rôle" pour Jennifer Geerts.

Un mouvement inter-universitaire et inter-corps

La mobilisation se veut transversale, au-delà des établissements et des statuts, pour défendre un service public de l’enseignement supérieur accessible et de qualité.

Franchement, c'est surtout ça qui nous unit parce que c'est très important de dire que le mouvement "Universités en colère", il est inter-universitaire, mais il est surtout inter-corps. On est tous mobilisés autour de ce qui nous rassemble. C'est le fait d'être impliqué dans des universités qui sont un exemple d'universités publiques, qui se présentent comme des services publics accessibles, de qualité. Et c'est ça qu'on veut défendre. L'Université, c'est un lieu d'émancipation, c'est un lieu de réflexion critique. C'est un contre pouvoir, parfois, qui peut faire peur et c'est aussi un lieu de formation des générations à venir. Et pour nous, c'est essentiel qu'on ait les moyens de fonctionner de manière optimale" confie Anne Roekens.


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