Adopté ce mardi soir, le budget communal 2026 de Viroinval se clôture encore en boni. Mais derrière cet équilibre apparent, les inquiétudes sont nombreuses. L’impact de la réforme du chômage fait planer une menace directe sur les finances communales.
Un équilibre budgétaire de plus en plus fragile
Pour 2026, le budget ordinaire communal affiche un résultat global positif de 604 039 euros, dont 411 240 euros à l’exercice propre. Une situation financière qui reste officiellement saine, mais qui marque un net recul par rapport aux années précédentes.
« Certes, on termine en boni cette année, mais il y a une diminution de la richesse de la commune », a prévenu le directeur financier lors de la présentation. Une tendance confirmée par la baisse des recettes antérieures et une pression croissante sur les dépenses structurelles.
Les dépenses ordinaires atteignent 12,41 millions d’euros, réparties principalement entre :
- les dépenses de personnel (44 %),
- les transferts (25 %),
- la dette (12 %).
Côté recettes, la commune dépend toujours très fortement des transferts, qui représentent 81 % des 13,01 millions d’euros inscrits au budget.
La réforme du chômage, une onde de choc pour le CPAS
Le point de tension majeur reste la situation du CPAS. En 2026, la dotation communale augmente de 6 %, portant l’intervention à 1,61 million d’euros. Une hausse rendue nécessaire par la réforme fédérale du chômage. À plus long terme, la pression va s’intensifier : la dotation communale, fixée à 6 % en 2026, devra augmenter progressivement pour atteindre 20 % en 2030.
« Financièrement, c’est un cataclysme pour Viroinval », a résumé le directeur financier.
Cette année, le budget du CPAS se clôture à –13 000 euros, un déficit encore contenu. Mais dès 2027, même avec des hypothèses optimistes, le déficit grimperait à –123 000 euros. « Le CPAS ne pourra pas le supporter », alerte-t-il.
Un territoire particulièrement vulnérable
La directrice du CPAS a insisté sur la situation spécifique de Viroinval. Sur 13 indicateurs socio-économiques de l’IWEPS, la commune se situe en dessous des standards wallons, à l’exception du cadre de vie. Une réalité qui complique fortement la remise à l’emploi des personnes concernées par la réforme.
En 2026, 167 habitants devraient être exclus du chômage sur le territoire communal. Le CPAS estime que 40 % d’entre eux, soit 66 personnes, introduiront un dossier d’aide sociale. Cela représente une augmentation de 47 % de la charge de travail pour les services.
Pour absorber ce choc, le CPAS a déjà anticipé :
- l’engagement de nouveaux agents,
- la location et l’aménagement de containers afin d’agrandir les infrastructures existantes.
Dépenses de personnel : une hausse qui inquiète l’opposition
Au niveau communal, les dépenses de personnel augmentent de 435 000 euros en 2026, notamment en raison de l’indexation, de retours de maladie et de nouveaux engagements. Les effectifs passent en effet de 74 à 79 équivalents temps plein.
Un choix qui suscite des réserves dans l’opposition.
Baudouin Schellen (Récit-VA) appelle à la prudence quant à l'augmentation de l'effectif : « Certains postes sont nécessaires, comme les ressources humaines ou l’agent constatateur, mais les autres représentent une charge récurrente qui va peser », souligne-t-il.
La majorité assume. Pour le bourgmestre Jean-Marc Delizée (Pour l’Avenir) :
Il y a beaucoup de dossiers à gérer, beaucoup de travail, et il faut du personnel pour y répondre.
L’opposition appelle également à la prudence concernant les projets inscrits à l’extraordinaire :
La chute du boni n’est pas encore liée à la réforme. Mais au vu de la conjoncture et de ce qui attend la commune, faut-il encore lancer tous les projets (Salle des Ardoisières et Salle Dothorpa) ? On ne va pas pouvoir tout faire. Il faudra revenir aux fondamentaux, prioriser.
Chauffage du centre culturel : un report qui interroge
Autre sujet soulevé par l’opposition : l’absence, dans le budget, d’une réflexion sur le remplacement de la chaudière à mazout du centre culturel. Un dossier d’autant plus sensible que, dès 2031, l’installation de nouvelles chaudières à mazout sera interdite.
Baudouin Schellen rappelle qu’un projet de réseau de chaleur, capable d’alimenter plusieurs bâtiments communaux, avait été envisagé.
La majorité explique devoir faire des choix et relativise : la date butoir, était initialement annoncée pour 2026, elle a été repoussée à 2031 par la Région wallonne. « Et elle sera encore probablement reportée », lâche un membre du collège.
Le FERI, une marge de manœuvre bienvenue
Dans ce contexte tendu, la majorité met en avant l’arrivée du FERI – Fonds Extraordinaire Régional d’Investissement. Ce nouveau mécanisme remplacera le Fonds régional des investissements communaux à partir de 2026.
Sa particularité : une dotation non affectée, libre d’utilisation à l’extraordinaire. Pour Viroinval, cela représente un peu moins d’un million d’euros sur la législature. Une somme qui devra encore faire l’objet d’une étude afin d’être utilisée de manière optimale.
Un budget adopté, mais sous surveillance
Le budget ordinaire et extraordinaire 2026 a été adopté par 10 voix (la majorité Pour l’Avenir et un élu indépendant Dubois Gaëtan), tandis que les six élus de l’opposition Récit-VA se sont abstenus.
Si le budget est voté, le débat est loin d’être clos. Entre l’impact massif de la réforme du chômage, la fragilisation du CPAS et la hausse des dépenses structurelles, Viroinval entre dans une période où les choix politiques et budgétaires seront déterminants pour les années à venir.
Article retranscrit avec l'appui d'outils d’intelligence artificielle (Transcript d'Adobe Premiere et ChatGPT 4.o) et vérifié par un journaliste.
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