La Ville de Namur montre l'exemple en matière de rénovation et d'entretien des voiries. Depuis 2014, elle a adopté un plan d'entretien des routes avec une philosophie: il vaut mieux prévenir que guérir. Autrement dit: il vaut mieux refaire le tarmac, même quand tout va bien, plutôt que de laisser pourrir la situation, et devoir réaliser des gros travaux par la suite. La Ville de Namur est d'ailleurs pionnière en la matière, et de nombreuses communes viennent voir les résultats pour s'en inspirer. L'homme qui est à l'origine de ce projet, c'est Luc Gennart, l'échevin des voiries et de l'équipement public à Namur. Nous avons profité de ses derniers jours de mandat d'échevin pour dresser le bilan de ce projet, 10 ans après son lancement.
La rue de Naninne, il y a encore quelques mois, était dans un piteux état. On ne comptait plus les nids de poules et les "rafistolages", et la rue s'est même affaissée par endroit. La faute à un manque d'entretien, selon Luc Gennart:
J'ai un double message concernant la rue de Naninne. Finalement, cette voirie était excellente, parce que quand on voit qu'elle a tenu pendant plus de 40 ans sans aucun entretien, donc elle était faite vraiment dans les règles de l'art, très bien faite et c'est assez exceptionnel. En revanche, dans les virages, on a vu qu'elle commençait à partir, et donc ça indique aussi que, malgré ses qualités, si on n'entretient pas, il y a tout qui vole, et il n'y a plus rien qui tient.
Il a donc fallu tout refaire, de fonds en comble, avec des coûts bien plus élevés qu'une rénovation classique, en surface. Pour Luc Gennart, cela ne doit plus arriver. Il faut entretenir avant de devoir intervenir:
C'est comme un châssis en bois. Il faut l'entretenir. Si on l'entretient, au début, on met une petite couche de peinture et il reste en bon état. Si après 20 ans, la peinture commence à s'écailler, on gratte un peu, on remet une couche, et il reste en état. Mais si on ne l'entretient pas, la pourriture s'installe, et là il faut remplacer le châssis. La voirie, c'est exactement la même chose. Il faut l'entretenir de manière régulière tous les 10 ans. Il faut intervenir avec un imperméabilisant pour empêcher la pluie et le gel de faire leur travail, et de remettre une couche d'adhésif pour que les pneus tiennent toujours et accrochent à la voirie. Si on fait comme ça, après 1000 ans, la voirie est toujours là.
D'autant que les coûts sont nettement plus conséquents. Un entretien régulier coûte 5 euros du m2, alors qu'une rénovation en profondeur coûte 100 à 150 eur du m2. Et quand on sait qu'à Namur, il y a 3 millions de m2 de voirie, on comprend l'importance d'un bon entretien. En 10 ans, ça fait en tous cas une fameuse différence:
Il y a 1.300 voiries à Namur. Donc, il a fallu un an et demi pour faire le tour des routes et en faire un constat, en faire un bilan, et étaler dans le temps la manière de les entretenir. Ce travail colossal a été réalisé en 2013 - 2014. Et puis, en 10 ans, on a déroulé un plan d'action régulier. On était avant à presque 30 % de voiries entretenues et aujourd'hui, on est à 80% ! Avant, il fallait encore en faire 70%, et aujourd'hui, on ne doit plus en faire que 20 %. Donc aujourd'hui, on a pratiquement un réseau en bon état.
Un bilan largement positif donc, à tel point que Namur fait des envieuses. Les communes de Profondeville ou encore de Neupré sont venues voir comment Namur fonctionne pour s'en inspirer. Après 10 ans de travail de fonds, Luc Gennart laisse le message à son successeur: le plus difficile est fait, il faut maintenant continuer sur la lancée.