Les maisons de détention sont une alternative à la prison pour les personnes condamnées à une peine de trois ans maximum. À Moustier, le Fédéral veut en construire une. La commune de Jemeppe-sur-Sambre a donné un avis défavorable.
En Belgique, il existe déjà des maisons de détention à Courtrai ou encore à Forest. Ce sont des établissements qui accueillent une quarantaine de personnes condamnées à des peines de maximum trois ans. Dans ces établissements clos et sécurisé, les résidents ne peuvent pas entrer ou sortir comme bon leur semble. Il faut obtenir une autorisation pour quitter la maison, notamment pour aller poser sa candidature à un emploi. En revanche, au sein même du bâtiment, ils peuvent se déplacer plus librement qu'en prison et ne dorment pas à deux ou trois dans une même pièce.
À Moustier, le Fédéral veut construire une maison de détention rue de la Gendarmerie. La commune vient de remettre un avis défavorable à ce projet déjà présenté à la population en novembre 2023.
Jean-Luc Evrard, Bourgmestre de Jemeppe-sur-Sambre :
Nous sommes quand même dans une rue résidentielle et nous estimons que ce genre d'établissement n'a pas sa place ici, en cœur du village.
Si le Fédéral possédait d'autres terrains sur Jemeppe, la commune serait-elle d'accord d'accueillir ce type d'établissement ?
Tout dépend quel terrain, à quel endroit mais je trouve qu'ici on est dans un village. Courtrai et Forest, ce ne sont pas des villages, ce sont des villes. Ici, les gens veulent garder leur quiétude.
Pas n'importe qui dans ces maisons
Alors la quiétude du village serait-elle menacée par une maison de détention ? Du côté du SPF Justice, on se veut rassurant. "Ce type d'établissement est clos et sécurisé" nous dit-on. Et à l'intérieur, on n'y place pas n'importe quel condamné. Laurence Nibelle, cheffe de projet en Belgique pour les maisons de détention au sein du SPF Justice :
Ce sont essentiellement des condamnés dont le total des peines n'excède pas trois ans et qui seront sélectionnés à partir de la prison dans laquelle ils résident. Ce sont des condamnés qui ne sont pas suspectés de violence, qui ne sont pas agressifs, qui peuvent vivre en communauté et pour lesquels le risque d'évasion et de récidive sont considérés comme assez faibles. Sont exclus des maisons de détention, tous délinquants condamnés pour des faits liés à caractère sexuel.
Le Premier Jemeppois nous fait part de son inquiétude quant à ce qu'il a entendu sur ces maisons de détention. Jean-Luc Evrard :
D'après nos informations, il s'avère que pour certaines maisons de détention, on passerait ou on leur imposerait de passer de 3 à 5 ans. Donc ce sont encore des peines beaucoup plus lourdes. Pour avoir des peines de 3 à 5 ans, on parle quand même certainement de trafic de drogue ou des choses comme ça.
Craintes communales
Des condamnés à cinq ans dans des maisons de détention ? Vrai ou faux ? Du côté du SPF, on nous répond que c'est le cas à Forest. Mais c'est une exception car il s'agit d'une ancienne prison qui bénéficie d'une enceinte très sécurisée. Mais à Moustier, les résidents seront bien condamnés à maximum trois ans.
Le mayeur craint que la maison de détention engendre des coûts supplémentaires pour sa police en cas d'incident à l'intérieur ou en cas d'évasion. Le SPF Justice admet qu'il y a eu dix évasions à Courtrai en l'espace de trois ans, mais que cela n'a jamais posé de problème dans le quartier. Un quartier qui, aujourd'hui, vivrait sereinement cette proximité.
Signalons qu'à l'annonce du projet jemeppois en novembre 2023, une réunion d'information à Moustier n'avait pas provoqué les foudres de la population. S'il y avait eu des opposants, il y avait eu aussi des partisans.
Dans ce dossier, ce n'est pas la commune qui décide. Si la Wallonie octroie le permis, la maison de détention de Moustier pourrait devenir réalité au mieux en 2026.
Sur le même sujet
Recommandations
Les communes namuroises ne peuvent plus percevoir les PV de stationnement
Le délicat déménagement du palais de justice et de ses pièces à conviction
Justice : le nouveau cri d’alarme du parquet de Namur
Namur : la migration vers le nouveau palais de justice a commencé
Justice : le tribunal de l’entreprise inaugurera le nouveau palais
Palais de justice de Namur : le déménagement commencera le 19 mai
La Ville d'Andenne persiste et signe contre la journaliste du magazine Wilfried
Président du tribunal de Namur : "Le vieux palais de justice est trop petit pour un gros procès qui arrive"
Appartement à la mer: Jean-Luc Evrard est acquitté sur toute la ligne
Des étudiants en droit font un procès fictif basé sur une vraie histoire à l' UNamur
Couvin - La direction de Saint-Roch devant le tribunal