À Mariembourg, l’extension du parc d’activités économiques portée par le BEP inquiète. Plus de 37 hectares agricoles pourraient disparaître. Une famille d’agriculteurs risque de perdre un quart de ses terres.
À Mariembourg, les champs entourent la ferme des Buyck depuis des générations. Les vaches sont dans les prés et les pâtures nourrissent le bétail. Pourtant sous ce calme apparent, la tension monte. 30 hectares de terres agricoles sont dans le viseur d’un projet d’extension de zoning industriel.
"Cela nous privera d'un quart de notre surface, explique Philippe Buyck, agriculteur. Vis-à-vis de la liaison au sol, c'est très important, mais surtout pour notre autonomie alimentaire, car en produisant nos fourrages, on permet une traçabilité de nos nourritures."
"L'exploitation est viable grâce à sa surface, rajoute son fils, Simon Buyck. Il nous la faut pour avoir suffisamment de nourritures pour nourrir tous les bovins. Si elle disparait, il n'y a plus de viabilité."
Pour Simon, qui s’apprête à reprendre la ferme, les effets sont déjà visibles. Les banques deviennent frileuses, les projets ralentissent, et remplacer les hectares perdus est mission quasi impossible. Il reprend :
"On va perdre une grosse surface. Alors, pour obtenir des crédits des banques, ce sera beaucoup plus difficile. Retrouver une surface équivalente, aussi proche du siège d'exploitation et aussi facile à exploiter, c'est quasiment impossible. D'autant que les prix sont de plus en plus élevés et que beaucoup d'acteurs extérieurs commencent à investir dans le foncier."
Pourtant dans le zoning existant certaines parcelles sont encore vides. D'après Philippe Buyck,
"Il ya des espaces non-utilisés, et même des espaces où il existe une réelle friche industrielle au milieu du zoning, et personne n'y prête attention. Je pense que le BEP a un soucis d'agent immobilier. Il veut acheter des terrains, les viabiliser pour l'industrie et pouvoir les revendre."
Un autre risque qui inquiète la famille Buyck, ce sont les inondations, dans une région où le sol peine déjà à encaisser les pluies.
"Le village de Mariembourg est énormément connu pour toutes les inondations. En 2021, il y a eu pas mal de catastrophes dans le village, je n'ai pas su traire pendant 3 jours. Le jour où il y aura encore des catastrophes, ils se dédouaneront en disant que Mariembourg est une zone dangereuse."
Malgré les inquiétudes et les 1400 signatures récoltées lors de l’enquête publique contre le projet, le collège communal a rendu un avis favorable. Pour la famille Buyck, c’est maintenant que tout se joue. Selon Maître Denis Brusselmans, avocat de la famille Buyck :
"C'est un moment important car on est au coeur de la procédure administrative et un arrêté doit être adopté. Quand il le sera, une procédure de recours est possible devant le Conseil d'Etat. Nous affûterons nos arguments en foncion du document publié."
La procédure suit son cours. En mai, une mobilisation citoyenne est prévue, avec une visite sur le site concerné.
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