Un non-respect du pluralisme des médias ou encore une réforme qui va plus vite que la musique. Dans un avis transmis au Conseil supérieur de l'audiovisuel, l'Association des Journalistes Professionnels s'inquiète de la réforme des médias de proximité.
Le Collège d'avis du Conseil supérieur de l'audiovisuel a terminé ce matin de rédiger son avis
qu'il transmettra à la ministre des médias, Jacqueline Galant. Un avis sur la réforme des médias de proximité. Pour rappel, la ministre des médias de la Fédération Wallonie-Bruxelles veut que leur nombre passe de 12 à 8 . En Province de Namur, il n'y aurait donc plus trois médias de proximité (Boukè, Matélé, Canal Zoom) mais un seul. Si cette réforme fait son bout de chemin, elle devrait se concrétiser en 2031. Une réforme qui inquiète fortement les travailleurs du secteur.
L'Association des Journalistes Professionnels en amont de la rédaction de l'avis du CSA lui avait envoyé une note quant à cette réforme. Une note communiquée aujourd'hui. En voici les grandes lignes.
Un affaiblissement du pluralisme
Cette réforme des médias de proximité vient dans un contexte particulier. A savoir, la concentration médiatique. Pour l'AJP, il faut en tenir compte:
"Concernant le nécessaire maintien du pluralisme et d’une couverture équilibrée et diversifiée du territoire , il s’agit de tenir compte de la concentration médiatique en cours en Fédération Wallonie-Bruxelles des médias de presse écrite, et de la réduction du financement et des missions de la RTBF, impactant la couverture de l’information de proximité. Outre une diminution du pluralisme, qui dit réduction de la couverture locale dit également réduction de l’implication de la population dans l’information de sa zone de vie, base de la participation démocratique Si le pluralisme médiatique de proximité est amené à se réduire à différents niveaux, il est capital de maintenir un nombre suffisant de médias de proximité décemment financés pour garantir le maintien d’une information locale de qualité".
L'AJP demande un moratoire
Pomme pourrie sur le gâteau, en plus de cette réforme, les médias de proximité s'inquiètent
pour leur santé financière. C'est que la Fédération Wallonie-Bruxelles accordera moins de moyens.
Les subventions de fonctionnement pour les MDP passeront de 10,4 millions d'euros à 10 millions avec en plus une non-indexation. L'AJP s'en inquiète tout comme le secteur:
"La désindexation abrupte des subventions allouées aux MDP constitue en réalité un dé-financement planifié des MDP. Elle créée une incertitude importante quant aux moyens financiers dont ils pourront disposer. Cette disposition est en contradiction avec l’EMFA. Cette règlementation européenne sur la liberté et le pluralisme des médias, qui demande aux Etats de doter les Médias de service public de ressources financières « suffisantes, durables et prévisibles » leur permettant de se développer ».
Deuxième pomme pourrie: la réforme des subventions APE. Les aides à la promotion d'emploi sont très importantes pour le devenir des travailleurs . Or, les MDP ne savent toujours pas ce que prévoit le gouvernement wallon pour les dernières années de la législature. Si elles seront épargnées de ce côté -là en 2026, les MDP craignent des coupes dans les APE par après. Ce contexte d'incertitude amène l'Association des Journalistes Professionnels à demander un moratoire pour préserver les finances des MDP:
"Vu la non prévisibilité de l’incidence de cette réforme sur les moyens humains dont disposeront encore les MDP, nous sollicitons qu’à tout le moins l’indexation des subventions des MDP soit maintenue jusque 2031"
Possible re-politisation des OA
C'est un aspect moins connu de la réforme des médias de proximité mais le gouvernement
prévoit dans son avant-projet de décret la possibilité de nommer des bourgmestres et des échevins au sein des organes d'administration (anciennement conseil d'administration). Une disposition que dénonce l'AJP:
" Cela est contradictoire avec l'EMFA. Ce règlement européen qui vise à garantir notamment l'indépendance éditoriale et fonctionnelle des médias de service public. Des articles de l'avant projet de décret procèdent au contraire à une re-politisation des OA, en ajoutant à la liste des représentants politiques déjà autorisés à y siéger, des mandadaires politiques, de surcroît "de proximité" (bourgmestres et échevins)".
Autre inquiétude formulée par l'AJP: un article en projet prévoit de supprimer l'obligation de garantie de composition pour moitié au moins de représentants du secteur culturel et associatif qui ne sont pas des mandataires publics ou des représentants des pouvoirs publics ou des services publics:
"Certes, les représentants du secteur associatif pourront toujours siéger dans les OA des MDP. Mais leur présence n’y sera plus obligatoire. Nous déplorons, plus largement, le délitement des liens avec le secteur associatif et culturel, alors même que les médias de proximité remplissent des missions de service public (reprenant notamment la production de programmes d’animation, de développement culturel et d’éducation permanente) et ont l’obligation décrétale de promouvoir la participation active de la population de la zone de couverture les concernant. Ne plus garantir la présence d’acteurs associatifs et culturels, particulièrement ancrés dans les régions et au plus proche des habitants, participe à un éloignement entre les médias et leurs bénéficiaires, réduisant l’ancrage local de ces acteurs".
Alors quels arguments avancés par l'AJP seront retenus dans l'avis que va transmettre le CSA
à la ministre des médias? Réponse dans les prochains jours. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel devrait rendre public son avis via son site internet au plus tard le 14 novembre.
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