Ce lundi, le secteur de l'enseignement a entamé une grève de 48 heures pour protester contre plusieurs réformes du gouvernement MR-Engagés. À Bruxelles, des milliers d'enseignants se sont rassemblés pour exprimer leur mécontentement.
Une carrière sous tension
Bénédicte Leboutte, enseignante maternelle à Floreffe depuis 40 ans, a manifesté pour la première fois. Elle pointe du doigt les conditions salariales des jeunes enseignants :
"Quand j'ai commencé mes études, c'était la dernière année en deux ans, puis c'est passé en trois ans, maintenant en quatre, mais pour un même travail, il faut avoir un même salaire. C'est pas normal que les plus jeunes soient payés moins. C'est pour cela que je manifeste aujourd'hui."
Le mécontentement porte également sur la fin du régime statutaire des enseignants pour les nouveaux arrivants, remplacé par des contrats à durée indéterminée (CDI) pour les nouvelles générations. Florence Nicaise, permanente CSC pour le secteur enseignement Namur/Dinant, craint une perte d’indépendance pour les enseignants :
"Les statutaires, ce n'est pas quelque chose de très vieux, et cela a justement été mis en place pour protéger les enseignants contre l'arbitraire, notamment des politiques lorsqu'on travaille dans un réseau communal par exemple. C'est aussi pour empêcher que le fils de Monsieur X puisse passer devant madame Y qui est là depuis quinze ans."
Des réformes contestées
Parmi les autres revendications, l’opposition à la suppression de la pension anticipée (DPPR) et à la réforme de la 7e année qualifiante occupe une place centrale. Véronique Demazy, enseignante namuroise, s’inquiète de l’impact de ces décisions sur les conditions de travail :
"Moi, j'ai pas envie de travailler jusqu'à 65-66 ans. Nous n'en sommes pas capables. Je pense qu'après 40 ans de carrière, on peut prendre sa pension. On n'est plus apte à être devant une classe de 20 enfants en bas âge, c'est difficile. Les enfants ont changé, les parents ont changé, les demandes ont changé."
De son côté, Stéphanie Bertrand, secrétaire wallonne de la CGSP enseignement, déplore la disparition de la 7e année :
"Dans l'école qualifiante où je travaillais, cette 7e avait beaucoup de sens. Par exemple, un élève qui voulait être boulanger, pouvait faire la formation pour être pâtissier, puis chocolatier, puis glacier. Parfois même traiteur. On trouve ça vraiment profondément injuste pour nos élèves. Dans l'école d'où je viens, ça peut avoir des conséquences sur l'emploi de mes collègues et même sur l'avenir de l'école."
Une contestation qui se poursuit
Face au siège du parti de Maxime Prévot, des œufs ont été lancés pour symboliser la colère des manifestants. Si certaines réformes, comme celle de la 7e année, ont déjà été votées, d'autres décisions, notamment sur la fin des statuts, restent à négocier pour certaines catégories professionnelles. Elle n'a été acté que pour le personnel administratif dans l'enseignement. Les syndicats continuent de dialoguer avec les dirigeants politiques dans l’espoir d’infléchir certaines mesures. Ce mouvement traduit une inquiétude croissante sur l’avenir du métier d’enseignant et la pérennité des acquis sociaux dans le secteur.
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