L'INAMI lance un projet pilote visant à tester une autre formule de financement des soins à domicile. C'est un changement de paradigme puisque ce n'est plus la prestation qui serait facturée mais le temps passé auprès du patient.
Remettre le patient au cœur des préoccupations. C'est l'objectif de l'INAMI qui lancera dans quelques semaines un grand projet pilote visant à tester un autre mode de financement des soins à domicile. Pour l'INAMI, le modèle actuel ne répond plus à la réalité.
L'évolution démographique, le vieillissement de la population, l'augmentation des demandes de prise en charge à domicile et le fait que la nomenclature actuelle ne répond pas aux besoins des patients ne permet pas d'apporter une bonne réponse aux besoins. On va aussi permettre, on l'espère, que ce projet permette aux infirmiers et au personnel soignant à domicile de retrouver du sens dans leur métier, explique Delphine Veys, partenaire opérationnelle de l'INAMI.
Un véritable changement de paradigme posé sur la table par l'INAMI. Fini de facturer les prestations, les infirmières factureront les heures passées auprès des patients. 59,10 € par heure en semaine, 79,10 € le week end, avec une compensation supplémentaire pour les permanences dans le cadre des soins palliatifs. Les déplacements sont aussi prévus dans ce plan : 39,10 € par heure. Une proposition plutôt bien reçue par les infirmières présentes à la réunion de présentation.
On court toujours après le temps pour plein de choses. On nous demande toujours plein de choses à faire. Ici, ça permettrait de faire des soins et prendre le temps d'expliquer aux patients pourquoi on le fait et pour qu'ils soient prévenus aussi pour l'avenir, confie Elisabeth Moreau, infirmière à domicile indépendante dans la région de Yvoir-Anhée.
C'est vraiment ça qui est important. On voit dans nos métiers que c'est vraiment le temps où on est pris et qui maintenant va pouvoir être adapté. Même si même si on est pas toutes à courir après le temps. Mais c'est vrai que c'est un élément qui qui qui pourrait protéger le patient et qui pourrait protéger nos professions aussi, confirme Angélique Goffinet, infirmière à domicile indépendante à Gembloux.
Passer plus de temps avec les patients, cela signifie donc voir moins de patients sur une journée. Dans un contexte de pénurie d'infirmières, ce nouveau système ne risque-t-il pas d'engendrer des retards dans les soins ?
Je ne pense pas, parce que c'est plus de temps pour rendre le patient plus autonome. On va vraiment l'accompagner dans la prise en charge de ses soins personnels, voir quelles sont ses capacités, ses compétences, voir quelles sont ses ressources au niveau de son environnement, au niveau des aidants proches. L'objectif, c'est de faire une prise en charge holistique du patient en tenant compte de toutes les dimensions mais aussi de ses souhaits personnels, de ses objectifs, explique Patricia Beaufays, directrice de soins infirmiers chez ASD.
C'est certain qu'il faut avoir un personnel qui soit suffisant pour pouvoir adapter sa prise en charge. Ça fera partie des éléments qui seront étudiés. Mais on espère aussi répondre à cette pénurie dans l'idée où on va permettre de rendre du sens au travail, complète Delphine Veys.
Les soignantes salariées sont aussi concernées par ce test. Certaines attendent même cette réforme avec impatience.
Notre équipe sur Gedinne s'est préparée à cette réorganisation. Elle souhaitait vraiment travailler autrement et nous avons déjà modifié notre modèle organisationnel en implémentant un modèle de gouvernance plus sociocratique. Mais les infirmières étaient très frustrées parce que non seulement elle voulait changer leur organisation, mais aussi passer plus de temps auprès du patient pour cette prise en charge plus large, plus holistique. Donc on attendait vraiment cette cette réforme du financement pour essayer de passer plus de temps auprès de nos patients et de le considérer comme un partenaire de soins, assure la directrice des soins infirmiers de ASD.
La phase de test commencera en juin prochain avec les 1.000 candidats retenus. Une phase de deux ans qui sera ensuite analysée et dont les conclusions nourriront assurément une future réforme des soins à domicile.
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