Les bénévoles qui sauvent les batraciens victimes du mépris des automobilistes !

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Entre début février et mi-avril, c'est la période de migration des batraciens. Et comme chaque année, de nombreux bénévoles aident ces petits animaux à traverser les routes, parfois au péril de leur propre vie !

Pour protéger les batraciens mais aussi les bénévoles qui les sauvent, les communes interdisent le passage de nuit sur certains axes routiers. Mais le message ne passe pas toujours bien auprès de certains automobilistes qui enfreignent ces interdictions, en s'en prenant même parfois physiquement aux bénévoles qui sont sur place. A Profondeville, par exemple, les bénévoles en appellent au civisme et au respect après un incident marquant.   
Kristine est bénévole pour Natagora. Quand elle arrive sur le site de sauvetage, elle doit régulièrement remettre les barrières en place.


Chaque jour et plusieurs fois chaque nuit. La barrière, on la retrouve renversée, comme ça, ou jetée un peu plus loin.


C'est pour rejoindre ce ruisseau et un étang tout proche que les batraciens doivent traverser cette route communale. Pour éviter aux crapauds, grenouilles, tritons et salamandres de se faire écraser en rejoignant leur lieu de reproduction durant la nuit, la commune a décidé de fermer la route à la circulation, mais certains automobilistes n'hésitent pas à renverser la barrière et à passer quand même.
Un soir, en commençant son travail de bénévole, Kristine a vu passer deux voitures. Elle a ramassé des crapauds morts après leur passage, et puis a dû faire face aux occupants d'une troisième voiture.


Et alors là, tout de suite, ça a été l'agression verbale : "j'ai une urgence chez moi, dégage de là, connasse ! " Voilà. L'homme et la femme se sont approchés de moi très fort. Ils m'ont bousculée, m'ont pris ma lampe de poche, ils l'ont jetée et m'ont poussé par terre. Je me suis cogné la tête. J'ai été un peu étourdie. Et puis ils sont remontés en voiture et ils sont partis tout de suite.


Une enquête est en cours. Mais en attendant, face à cette agressivité, les bénévoles en appellent à plus de respect et de compréhension de la part des automobilistes. C'est ce que nous explique Jean-Marc Fauville, co-président du Cercle des naturalistes de Belgique à Namur : 


C'est une période qui est assez courte pendant l'année. Quand on roule, on ne se rend pas compte parce qu'on ne  voit pas les batraciens sur la route. Quand on roule à 50 km/h, on ne les voit pas et quand on roule à 30 km/h, si on n'a pas l'œil averti, on ne les voit pas non plus. Et donc c'est important de sensibiliser les automobilistes pour leur dire voilà, c'est une petite période de l'année pendant laquelle il faut faire attention. Attention aux batraciens, mais aussi attention aux bénévoles qui aident ces batraciens, forcément. Alors ils sont vêtus de manière visible, donc normalement on les voit bien et c'est pour ça qu'il faut redoubler de prudence à cette période là de l'année.


D'année en année, les bénévoles constatent aussi que les batraciens sont de moins en moins nombreux et qu'il est temps de protéger ces espèces menacées. Kristine Moutteau, la bénévole de Natagora raconte : 


Il y a une dame un jour qui m'a dit : " tout ça pour des grenouilles ?"  Oui, tout ça pour des grenouilles, c'est vrai, mais c'est quoi les grenouilles ? Voilà. Qu'est ce qu'elles font les grenouilles ? On fait partie de la même vie et on partage le même milieu. Et les grenouilles font partie d'un écosystème. Un écosystème qui est déjà fragile. Et en même temps, elles nous rendent des services.
Elles mangent les larves des insectes. On peut penser par exemple au moucheron qui a causé la langue bleue l'année dernière. Bon, et donc si on n'a plus de batraciens, on va être infestés par des tas d'insectes. Voilà.


Face à l'urgence, les bénévoles en appellent à la mise en place de solutions plus efficaces de la part des autorités, comme par exemple des crapauducs, sortes de tunnels pour batraciens sous les routes. Mais en attendant, de nouveaux bénévoles seraient les bienvenus, comme le souligne jean-Marc Fauville : 


Il ne faut pas hésiter à se manifester. Il y a beaucoup de sites qui sont en pénurie de bénévoles et c'est pour ça que oui, effectivement, si vous avez quelques heures à consacrer, à aider, et bien, vous vous en souviendrez parce que vos petits enfants, vos arrière petits enfants pourront toujours observer ces batraciens dans la nature.


N'hésitez pas à consulter à ce sujet le site de Natagora.
https://www.natagora.be/sauvetage-des-batraciens
 


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