Enseignement qualifiant : pour l'opposition, cette réforme est "aberrante"

par

La réforme de l'enseignement qualifiant fait toujours grincer des dents. Plusieurs député.e.s de la Fédération Wallonie-Bruxelles se sont rendu.e.s à l'IATA ce jeudi matin. Il.elle.s jugent cette réforme "aberrante".

La grogne continue - elle prend même de l'ampleur - à propos de la réforme de l'enseignement qualifiant. De nombreuses directions d'école, des enseignants et des élèves ont montré leur désapprobation au cours de plusieurs manifestations. Des parents commencent à monter au créneau, et des entreprises s'en plaignent également. Ce jeudi matin, plusieurs député.e.s de l'opposition à la Fédération Wallonie-Bruxelles sont allé.e.s à la rencontre des enseignants et élèves de l'IATA à Namur. Beaucoup s'accordent à dire que cette réforme est "aberrante".
 
Si la réforme est appliquée telle quelle à l'IATA, la réforme serait catastrophique. Marylène Mathias, directrice :

Ça représente environ 270 heures organisables en moins pour la rentrée prochaine. Ça représente en septième année 57 élèves en moins. Et au niveau impact emploi, c'est l'équivalent de treize- quatorze emplois.

Au-delà des chiffres, la réforme de l'enseignement qualifiant vient casser la motivation des enseignants et des jeunes. Elle vient aussi modifier un système d'enseignement qui fait pourtant ses preuves. Pour les députés de l'opposition qui ont participé à cette visite à l'IATA, l'impact de cette réforme est vraiment négatif.
 
Les commentaires de Manon Vidal, députée PTB à la Fédération Wallonie-Bruxelles :

Cette réforme est complètement absurde à mon sens et, en fait, pas seulement à mon sens mais au sens des profs, des élèves, de la direction. Et on constate vraiment que la ministre est complètement déconnectée, qu'en fait il y a beaucoup de mensonges aussi ici. On a vu qu'il y avait quatorze équivalents temps plein qui sont menacés, que des options vont fermer, que des jeunes vont voir leurs rêves brisés.

Le député Ecolo Stéphane Hazée va dans le même sens :

Les directions, les enseignants, les élèves, personne ne comprend ces mesures qui sont aberrantes. Elles sont aberrantes, même par rapport au discours du gouvernement. Le gouvernement dit vouloir favoriser le lien entre la formation et l'emploi. Ici, on a une série de filières qui donnent directement accès à l'emploi. Les employeurs et les employeuses sont vraiment intéressés, viennent chercher les élèves à l'issue de leur formation. On en a même qui gagnent des prix internationaux. Et on vient supprimer ces formations. C'est incompréhensible. On a rarement eu une réforme aussi absurde !

La députée Eline Tillieux enfonce le clou :

En fait, on coupe toutes ces initiatives et il n'y a aucun argument positif qui va dans le sens de la ministre de mettre fin à l'accès à cette septième année. Les jeunes qui sortent d'ici trouvent un emploi. Les entreprises sont heureuses d'avoir à leur disposition des jeunes qui sont formés et qui comprennent les métiers. Les parents sont heureux de voir que leurs jeunes sont épanouis dans une filière et ne se traînent pas sur les bancs de l'école. On a vu ici une ambiance entre les professeurs et les élèves de compréhension et de stimulation.

À côté de cela, les écoles estiment qu'elles n'auront pas le temps de mettre en place la nouvelle organisation. Si la réforme est appliquée à l'IATA, par exemple, la section horlogerie pourrait passer dans l'enseignement adulte. Mais comment organiser tout cela en si peu de temps ? Ça paraît impossible. Marylène Mathias, directrice de l'IATA, à nouveau :

Moi je trouve que sur si peu de mois, puisque la rentrée 2025, c'est dans moins de six mois, j'ai l'impression que ce n'est pas organisable. Et en plus, toutes les options des écoles qualifiantes ne pourront pas être transposées dans l'enseignement pour adultes.

Face à tous ces constats, les partis de l'opposition demandent le retrait de cette réforme. Éliane Tillieux, députée PS :

Il faut totalement abandonner cette réforme. Il y a des jeunes qui se sont engagés en cinquième année ici, par exemple à l'IATA, mais aussi dans d'autres écoles, qui avaient l'envie de faire une septième. Donc leur plan, c'est cinquième, sixième, septième; Et aujourd'hui, ils arrivent peut-être en fin de sixième, mais on leur dit "Ah non, non, non, la septième année, c'est fini". Ce n'est pas correct. On casse le contrat en cours de route.

Stéphane Hazée, député Ecolo :

On lutte contre le temps parce qu'on parle de la prochaine rentrée déjà. Le gouvernement a créé un imbroglio infernal, il essaie maintenant de trouver des solutions parce qu'il se rend compte qu'il est dans le mur, en fait. La seule bonne solution, c'est de reconnaître l'erreur, et de faire marche arrière.

Manon Vidal, députée PTB :

Nous, ce que l'on demande, c'est le retrait pur et simple de cette réforme, un retrait de la mesure sur le décrochage scolaire, et un retrait de la mesure par rapport aux jeunes qui ont leur CESS en 6e et qui voudraient bien faire une 7e.

Le bras de fer politique continue, la mobilisation aussi. Des manifestations sont prévues lundi et mardi prochains. 
 
 


Sur le même sujet

Recommandations

Image
La Semaine pour l'emploi: une 5e édition intensifiée par la réforme du chômage

La Semaine pour l'emploi: une 5e édition intensifiée par la réforme du chômage

À quelques semaines de la réforme du chômage, La Ville de Namur, le Forem, et la Cité des métiers organisent la 5e édition de la Semaine pour l'emploi. Cette année, le nombre de visiteur dépasse largement celui des années précédentes.
Image
Suppression du brevet infirmier: les syndicats se mobilisent contre la nouvelle mesure

Suppression du brevet infirmier: les syndicats se mobilisent contre la nouvelle mesure

Ce vendredi 28 novembre, les syndicats ont distribué devant le CHR de Namur des tracts contre la suppression du brevet infirmer à partir de septembre 2026. Le but est d'informer la population des effets de la suppression de cette formation.
Image
Couvin - Les acteurs jeunesse et culture se mobilisent contre les réformes : “Il est encore temps de se faire entendre”

Couvin - Les acteurs jeunesse et culture se mobilisent contre les réformes : “Il est encore temps de se faire entendre”

À Couvin, les acteurs jeunesse, culture et formation ont mené une action de sensibilisation sur la place. Pas de grève, mais une présence pour informer la population des réformes et coupes budgétaires qui menacent leurs services essentiels.
Image
Les syndicats interpellent les patrons d'entreprise

Les syndicats interpellent les patrons d'entreprise

Nouvelle journée d'action et de grève ce mercredi en province de Namur. Les syndicats ont notamment visé les zonings industriels et les zonings commerciaux. Objectif: sensibiliser les travailleurs mais aussi les patrons des entreprises.
Image
Philippeville : l'INASEP fait découvrir les métiers de l'eau

Philippeville : l'INASEP fait découvrir les métiers de l'eau

L'INASEP a décidé de mettre en lumière les métiers du secteur de l'eau avec un Job Day organisé à Philippeville. L'occasion d'attirer de nouveaux talents et de faire découvrir ce service public indispensable.
Image
Les 60 ans du mariage entre l'IATA et l'Ecole d'art de Maredsous

Les 60 ans du mariage entre l'IATA et l'Ecole d'art de Maredsous

L'IATA, l'Institut des Arts ,des Techniques et de l'Artisanat, célèbre cette année les 60 ans de sa fusion avec l'École des Métiers d'Art de Maredsous. À cette occasion, l'école propose une exposition.
Image
Expresso du 14 novembre: droits des enfants, artisanat, et une exposition à l'IATA

Expresso du 14 novembre: droits des enfants, artisanat, et une exposition à l'IATA

Découvrez trois événements marquants de ce week-end et des prochaines semaines en province de Namur : une fête dédiée aux droits de l’enfant, la Journée de l’artisan, et une exposition célébrant six décennies d’enseignement des métiers d’art.
Image
Walcourt : la Coordination Emploi aide les entreprises à construire des équipes solides

Walcourt : la Coordination Emploi aide les entreprises à construire des équipes solides

Recruter, mobiliser, fidéliser... Trois défis bien connus des employeurs. À Walcourt, la Coordination Emploi organise, le 19 novembre, une soirée d'échanges pour aider les entreprises à construire des équipes solides et impliquées.
Image
Entre création étudiante et regard pédagogique : deux visions de la HEAJ sur notre plateau

Storyboard met en lumière deux films d’anciens étudiants : entre deuil et acceptation de soi

Dans son dernier numéro, Storyboard choisit de s’intéresser au travail de jeunes talents issus de la HEAJ, en mettant en avant deux projets forts : le deuil pour l’un, l’acceptation de soi pour l’autre.
Image
Hommage funéraire : les profs réunis autour de la dépouille de l'enseignement

Hommage funéraire : les profs réunis autour de la dépouille de l'enseignement

Ce midi, les professeurs en colère contre les mesures d'économies de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont symboliquement enterré l'enseignement. Ils étaient un peu moins d'un millier.
Image
Doische : les enfants s'initient au wallon

Doische : les enfants s'initient au wallon

À l'Athénée de Doische, une trentaine d'enfants ont découvert le wallon à travers un stage d'expression et de jeux linguistiques. Objectif : transmettre, s'amuser et redonner vie à une part du patrimoine local.
Image
Pourquoi pas devenir électromécanicienne ?

Pourquoi pas devenir électromécanicienne ?

Si vous êtes une femme et que vous cherchez un emploi, pourquoi pas devenir électromécanicienne ou technicienne en électromécanique ? La proposition est lancée par Interface 3 Namur qui est à la recherche de profils féminins dans ce secteur.
Image
Relation intergénérationnelle et quête identitaire au menu de Story board ce mois-ci

Relation intergénérationnelle et quête identitaire au menu de Story board ce mois-ci

Les étudiants de la HEAJ choisissent des sujets profonds qu’ils mettent en image à travers l’animation ou le jeu vidéo. Cette fois, avec Festin et Boots Legacy, nous plongeons dans le monde des Inuits et dans un univers magique de bottes mystérieuses.
Image
Rencontre avec Philippe Defeyt: les économies en Fédération Wallonie-Bruxelles

Entrée Libre

Entretien avec Philippe Defeyt. Cet économiste namurois fait partie du comité des experts qui a planché sur des pistes d'économies de la FWB. Rencontre juste après l'annonce des mesures annoncées par le gouvernement Mr-Les Engagés.
Image
La réforme du tronc commun inquiète à l'Institut Notre-Dame de Philippeville

La réforme du tronc commun inquiète à l'Institut Notre-Dame de Philippeville

À Philippeville, la réforme du tronc commun suscite de vives réactions. Prévue dès 2026, elle promet de bouleverser l'organisation du secondaire inférieur. Mais dans les écoles, les directions pointent déjà un manque de clarté et des moyens insuffisants.