Les castors sont de plus en plus présents en Wallonie. Si leurs barrages apportent des bénéfices écologiques indéniables, ils causent aussi des inondations. Pour y remédier, la ville de Philippeville mise sur une solution pilote : le cube de Morency.
Les défis de la cohabitation avec les castors
Les castors jouent un rôle clé dans l’écosystème en créant des zones humides, mais leurs barrages peuvent poser problème. En cas de fortes pluies, ces constructions amplifient les risques d’inondation des prairies et des infrastructures proches des cours d’eau.
"Le barrage ici, à Vodecée, a été détruit, mais le castor l’a reconstruit en une seule nuit", explique Charles Drouet, échevin de l’environnement à Philippeville.
Leur population, estimée entre 3 200 et 3 500 individus pour la période 2013-2018, représente environ un site occupé tous les 30 kilomètres de rivières. Malgré leur impact, les castors bénéficient d’un statut de protection intégrale garanti par la loi sur la conservation de la nature. La destruction de leurs barrages, bien que souvent pratiquée, se révèle inefficace.
"Les castors reconstruisent rapidement, et leurs barrages deviennent encore plus solides", souligne Frédéric Mouchet, coordinateur du Contrat de rivière Haute-Meuse.
Une solution inspirée de l’étranger : le cube de Morency
Pour concilier protection de la nature et prévention des inondations, le Contrat de rivière Haute-Meuse en collaboration avec le DNF et la ville teste une solution venue du Canada : le cube de Morency. Ce dispositif simple et peu coûteux (environ 200 euros) permet de réguler le niveau de l’eau sans nuire aux castors.
Le système repose sur un cube grillagé contenant un tuyau perforé qui traverse le barrage. L’eau s’écoule sans que le castor ne détecte la fuite.
"Les castors réagissent au bruit de l’eau qui s’écoule. En supprimant ce bruit, ils ne ressentent pas le besoin de colmater la brèche", explique Simon Beugnies, chargé de mission au Contrat de rivière Haute-Meuse.
Des avantages multiples pour une cohabitation harmonieuse
Le cube de Morency présente de nombreux atouts. Il est facile à installer, nécessite peu d’entretien (1 à 2 fois par an) et permet de préserver à la fois les castors et les infrastructures humaines. "Ce projet pilote pourrait libérer du temps pour le service technique tout en offrant une solution durable", ajoute Charles Drouet.
En collaborant avec des experts locaux et en s’inspirant des expériences canadiennes, Philippeville mise sur une gestion intelligente de sa biodiversité.
"Ce dispositif montre qu’il est possible de cohabiter avec les castors sans recourir à des mesures extrêmes", conclut Simon Beugnies.
A terme, si le système fait ses preuves, il pourra sans doute servir de modèle à d’autres régions. Sur la commune de Philippeville et plus largement sur la vallée de l’Hermeton, le dispositif serait en tout cas le bienvenu, puisque la zone est fortement occupée par le rongeur.
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